L’INCIDENT STARLINK N’EST PAS CE QUE NOUS CROYIONS
Le 24/04/2025
Cela n’a jamais eu de sens. Le 3 février 2022, SpaceX a lancé un lot de 49 satellites Starlink en orbite terrestre basse – une opération qu’ils avaient réalisée de nombreuses fois auparavant. Cette fois, c’était différent. Presque immédiatement, des dizaines de ces nouveaux satellites ont commencé à retomber du ciel.
SpaceX a proposé cette explication : « Malheureusement, les satellites déployés jeudi (3 février) ont été fortement affectés par une tempête géomagnétique vendredi (4 février). »
Une déclaration plus précise aurait pu être : « …affectés par une tempête géomagnétique très mineure. » Les satellites ont rencontré une tempête à peine perceptible sur les échelles de la NOAA : c’était une G1, le niveau le plus faible possible, peu susceptible de provoquer une désintégration massive des satellites. Quelque chose dans « l’incident Starlink » ne collait pas.
Les scientifiques spatiaux Scott McIntosh et Robert Leamon de Lynker Space, Inc., ont une idée nouvelle et différente : « C’est le Terminator qui l’a fait, » dit McIntosh.
À ne pas confondre avec le robot tueur, le Terminator de McIntosh est un événement solaire qui aide à expliquer la progression mystérieuse des cycles solaires. Quatre siècles après que Galilée a découvert les taches solaires, les chercheurs ne peuvent toujours pas prédire avec précision le moment et l’intensité du cycle solaire de 11 ans. Même “11 ans” n’est pas une valeur fixe ; les cycles observés varient de moins de 9 ans à plus de 14 ans. McIntosh et Leamon ont compris que les prévisionnistes avaient négligé un détail. Il existe un moment qui survient environ tous les 11 ans lorsque les champs magnétiques opposés des anciens et nouveaux cycles solaires entrent en collision. Ils ont appelé ce moment, qui marque la fin de l’ancien cycle, « l’Événement de Terminaison« .
Après un Événement de Terminaison, le soleil s’anime – « comme une plaque chauffante sur laquelle on allume soudainement le feu », aime dire McIntosh. Le rayonnement ultraviolet solaire augmente brusquement, chauffant la haute atmosphère et augmentant fortement la traînée aérodynamique sur les satellites.
Ce graphique soutient les propos de McIntosh et Leamon :
L’histogramme montre le nombre d’objets retombés de l’orbite terrestre chaque année depuis 1975. Les lignes pointillées verticales indiquent les Événements de Terminaison. On observe une hausse des désintégrations de satellites autour de chaque Terminator, aucune aussi marquée que celle de 2022.
Alors que SpaceX assemblait les Starlinks condamnés du Groupe 4-7 début 2022, ils ne savaient pas que l’Événement de Terminaison venait en réalité d’avoir lieu. Sans le savoir, ils ont lancé les satellites dans un environnement spatial radicalement modifié. « Certains de nos partenaires satellites ont dit que là-haut, c’était comme de la purée de pois, » dit Leamon.
SpaceX n’a pas été la seule entreprise gravement touchée. Capella Space a également eu du mal à maintenir sa constellation de satellites radar à synthèse d’ouverture (SAR) en orbite.
“[Soudainement], la densité atmosphérique en orbite terrestre basse était 2 à 3 fois supérieure à ce qui était prévu,” a écrit Scott Shambaugh, responsable chez Capella Space, dans un article pour le symposium 4S à Palma, en Espagne. “Cette augmentation de traînée menaçait de faire désorbiter prématurément certains de nos engins spatiaux. » Même après avoir réorienté les antennes pour réduire la traînée et avoir effectué une poussée vers une altitude plus élevée, certains membres de la flotte sont rentrés bien avant la fin de leur durée de vie prévue de 3 ans.
Depuis, Capella et SpaceX lancent leurs satellites sur des orbites plus hautes où la traînée est moindre. Jusqu’à présent, cela a fonctionné. Les rentrées imprévues ont fortement diminué, bien que le nombre total reste élevé. Tout le monde n’est pas d’accord pour dire que c’est le Terminator qui en est la cause, mais cela semble plus logique qu’une minuscule tempête.
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