Les Italiens ayant lié leur nom aux toutes premières expéditions antarctiques
08/11/2024
Les Italiens ont participé aux premières missions en Antarctique, principalement en tant que membres d’expéditions et/ou avec le soutien d’autres pays.
Giacomo Bove, à la fin des années 1800, a cherché sans succès un financement pour une expédition italienne en Antarctique, et a ensuite mené une expédition dans les îles subantarctiques au nom de l’Argentine.
Pierre Dayné, éclaireur alpin originaire de la Vallée d’Aoste, fut le premier Italien à passer l’hiver en Antarctique. Cela se déroula lors de l’expédition de Jean Baptiste Charcot en 1903-1905.
Luigi Bernacchi était médecin lors de l’expédition Borchgrevinck. Il passa la nuit polaire de l’année 1900. Bernacchi n’était pas exactement Italien, mais un Tasmanien d’origine italienne.
Vers les années 1950, une expédition cinématographique italienne, sous la direction d’Arturo Gemmiti, a travaillé quelque temps sur les bases chiliennes.
Le lieutenant Franco Faggioni a effectué des mesures sismiques à Scott Base pendant l’Année Géophysique Internationale de 1957. (Voir l’image à côté)
Durant ces mêmes années, un passionné des régions arctiques et antarctiques, Silvio Zavatti, a tenté d’organiser une expédition nationale, mais le moment n’était pas encore propice ; il réussit cependant à visiter l’île Bouvet. En tant que chercheur et explorateur, il a promu des expéditions vers le Groenland et l’Antarctique et, en 1958, il élabora un programme pour la construction d’une base scientifique italienne permanente dans le secteur antarctique norvégien.
Nous étions déjà au début des années 60 quand un groupe italien de chercheurs se joignant à l’expédition belge, réalisa un forage de carottes de glace en Terre de Reine Maud.
En 1962, le géologue Ardito Desio réussit à visiter la Vallée Sèche, près de la base américaine de McMurdo, ainsi que la station du pôle Sud.
Le montagnard Carlo Mauri visita également la Vallée Sèche quelques années plus tard (1967) en tant qu’invité de la mission néo-zélandaise.
À la fin des années 1960 et au début des années 1970, un officier de la marine marchande entreprenant, Giovanni Ajmone Cat, effectua deux voyages entre l’Italie et la péninsule Antarctique à bord d’une felouque qu’il avait conçue et commandée, et dont il était également propriétaire. Ce fut la première fois qu’un navire volant le pavillon italien naviguait dans les eaux antarctiques.
La sensibilité italienne envers l’Antarctique mûrissait donc dans ces années-là, et les premières interventions institutionnelles commencèrent à être enregistrées : le Conseil National de Recherche (CNR) organisa trois interventions, bien que limitées en durée et en ressources, qui néanmoins se révélèrent décisives pour la maturation d’un engagement gouvernemental italien. Cela serait mis en œuvre, sous le nom de PNRA, dans les années 1980. Les expéditions du CNR, de manière évidente, durent compter sur la logistique d’un autre pays (NZ), se déroulèrent en Terre de Victoria (1968-69, 1972-73 et 1975-76) et eurent un caractère non seulement scientifique mais aussi alpiniste.
C’était l’été austral de 1975-76 lorsque Renato Cepparo, entrepreneur milanais, conçut et organisa une expédition privée totalement autonome dans le but de réaliser des mesures scientifiques et de construire un refuge permanent ; quinze hommes à bord d’un navire norvégien de 900 tonnes se dirigèrent vers l’île King George (Péninsule Antarctique) et la base, nommée d’après Giacomo Bove (Voir la photo ci-contre) fut construite là-bas. Cependant, elle fut de courte durée, car peu de temps après, un groupe militaire argentin procéda à sa démolition, n’ayant sans doute pas apprécié cette installation, dans une zone sujette à des revendications nationales !
Pierre Dayné
La figure de l’Italien, Pierre Dayné, guide alpin de Valsavarenche dans la vallée d’Aoste, en Italie, a été injustement oubliée pendant trop d’années. Pierre Dayné fut le seul guide alpin de l’expédition française antarctique de Jean Baptiste Charcot, de 1903 à 1905.
La série de cinq cartes postales publiées par “TURIN POLAR” et le cachet postal associé à l’anniversaire des 120e (1904-2024) célébrant le premier Italien en Antarctique, ont pour but de rappeler l’expédition et ses ascensions suivant la mission de Jean Baptiste Charcot de 1903 à 1905.
En 1903, apprenant que l’expédition Nordenskjold avait disparu dans les eaux antarctiques, Charcot décida de partir à sa rescousse avec le “Français”, un navire de 32 mètres de long et trois mâts. Son équipage était composé de scientifiques et de marins français, à l’exception d’un guide alpin de la vallée d’Aoste : Pierre Dayné. Le navire, ayant quitté la France le 31 avril 1903, fit escale au Brésil avant d’atteindre l’embouchure du Rio de la Plata, où il subit des réparations après les dégâts subis pendant la traversée. C’est ici que Charcot apprit que l’objectif de son voyage n’était plus valide, car entre-temps, l’expédition Nordenskjold avait été sauvée. Charcot poursuivit néanmoins sa route vers le sud, en direction du détroit de Gerlache, autour duquel son expédition allait se dérouler.
Dans le livret du Guide alpin de Dayné, nous trouvons des attestations très intéressantes émises par Charcot à la fin de l’expédition de 1903-1905. « Le guide Pierre Dayné faisait partie de l’expédition antarctique française que je commandais. J’ai été très satisfait de lui sous tous les aspects. Extrêmement courageux et doté d’une force physique exceptionnelle, il a rendu de grands services à plusieurs occasions grâce à son habitude des longues marches et des glaciers. En particulier, 2 belles ascensions réalisées dans des conditions difficiles sur l’île Wandel et l’île Wiencke sont à souligner. Nous avons baptisé cette dernière du nom de « Pique Louis de Savoie ». Je suis très heureux de lui délivrer ce certificat. Fait à Paris le 18/7/1905 ».
Signé : J.B. Charcot, chef de l’expédition française en Antarctique.
Et concernant l’ascension du Louisi Peak réalisée par Dayné avec le naturaliste Jabel, Charcot écrivit dans son carnet de bord : « Enfin, les deux arrivent vers nous, épuisés par la fatigue car ils ont marché pendant plus de 22 heures. Pierre dit que c’était l’une des ascensions les plus difficiles et les plus dangereuses qu’il ait jamais faites. Nous les félicitons et je décide de donner à ce sommet de 1500 m d’altitude le nom de duc des Abruzzes pour faire plaisir à Pierre Dayné et rendre hommage au grand explorateur royal. »
Les premières véritables ascensions en alpinisme en Antarctique sont donc dues à Pierre Dayné et, à ce titre, son nom mérite d’être inscrit dans le grand livre des explorateurs de l’Antarctique.
Pierre Dayné est décédé le 23 mars 1936 à Villeneuve. Vallée d’Aoste, Italie.
Merci à Giancarlo Poletto pour les 5 cartes postales avec annulation philatélique, disséminées et montrées dans cet article
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